L’insécurité alimentaire est prégnante en RDC. Pour pallier ce fléau, le gouvernement congolais encourage le développement de la filière agricole et agroalimentaire. Dans le même temps, le secteur privé congolais investit dans la production locale.
2,1 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire à l’Est
D’après les récentes estimations de l’OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU), la province du Nord-Kivu abriterait près de 2,1 millions de personnes en proie à l’insécurité alimentaire. Ce chiffre s’explique en partie par le mouvement des populations de la région qui, fuyant l’insécurité causée par les affrontements armés à l’Est, laissent derrière elles champs et récoltes. Parmi elles, plus de 2 500 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition.
Mais l’insécurité alimentaire ne concerne pas exclusivement l’Est du pays puisque 27 millions de Congolais sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë depuis septembre 2021, toujours selon l’OCHA. De ce fait, la pérennisation des conflits à l’Est ne peut être la seule explication à cette situation : « il faudrait ajouter pour cette analyse les effets de la COVID-19 et d’autres épidémies récurrentes dans les zones traversées par les cours d’eau, les inondations, la malnutrition, le manque d’accès aux outils agricoles et la présence de maladies de cultures comme la chenille légionnaire d’automne, etc » précise Aristide Ongone, représentant de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en RDC.
Déterminés à assurer une sécurité alimentaire dans tout le pays, Felix Tshisekedi et son gouvernement misent sur l’autosuffisance alimentaire, en encourageant notamment la production agricole et agroalimentaire locale, conformément au pilier 16 du Programme Présidentiel, à savoir “Développer l’agriculture et l’agro-industrie”.
Développer la production locale pour endiguer l’insécurité alimentaire
Le 1er et 2 juillet s’est ainsi tenu un atelier de validation de la politique agricole durable organisé par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Cet atelier s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement du Ministère de l’Agriculture pour la mise en place d’une politique agricole durable. C’est le projet Gestion Durable de l’Agriculture (GDA).
Ce projet traduit une double ambition : augmenter la quantité et la qualité des produits alimentaires et assurer une production agricole durable sans impact sur l’environnement et la biodiversité. Une ambition portée par la RDC jusque sur la scène internationale : au Ghana, lors des Assemblées annuelles de la BAD 2022 qui avaient pour thème “Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste pour l’Afrique”, le Ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi a rappelé l’importance des investissements en faveur des infrastructures, de l’énergie, mais aussi de l’agriculture.
Un argument qui semble avoir été entendu par le secteur privé congolais.
George Forrest : « Je me suis donné pour mission de remédier à ce problème »
Connu pour sa contribution au développement de la RDC, le Groupe Forrest International qui a fêté son centième anniversaire cette année, est surtout réputé pour ses activités dans la construction et l’énergie. George Forrest est aussi actif dans le secteur agroalimentaire avec les Grands Élevages de Katongola (GRELKA), cheptel de plus de 30 000 bovins. Son projet : produire une viande bio et de qualité pour les consommateurs de la région. Le but étant de développer la filière agroalimentaire et limiter la vulnérabilité de la RDC en la matière. « Je me suis donné pour mission de remédier à ce problème », écrivait l’homme d’affaires sur son compte LinkedIn il y a peu. GRELKA s’est récemment associé à d’autres éleveurs sous l’enseigne GoCongo, portant son cheptel à 56 000 têtes. Convaincu du potentiel congolais en la matière, George Forrest confiait à Jeune Afrique : « l’agriculture pourrait bientôt dépasser l’exploitation minière en tant qu’industrie dominante en RDC ».
Une conviction partagée par certaines entreprises de la région, comme la Ferme Safari Ya Kwetu du Haut-Katanga, spécialisée dans l’exploitation agricole et dont l’ambition est d’améliorer l’offre de denrées produites localement. Pour ce faire, l’entreprise propose la livraison hebdomadaire de paniers fermiers.
Même idée chez Agribros Market. Cette plateforme digitale s’est spécialisée dans la promotion et la commercialisation de produits agricoles. Grâce à cette plateforme, producteurs et agriculteurs locaux sont directement connectés aux potentiels acheteurs ; de quoi faciliter l’achat et la vente.