Alassane Ouattara s’est rendu entre les 20 et 23 juillet en Afrique du Sud. Cette visite d’État, réciproque à celle effectuée en décembre 2021 par son homologue Cyril Ramaphosa en terre d’Eburnie, marque un peu plus le renouveau des relations Yamoussoukro-Pretoria, qui ont désormais en priorité de porter leurs échanges commerciaux à un niveau supérieur.
Le point d’orgue de ce déplacement a été l’entretien le 22 juillet entre les présidents Alassane Ouattara et Cyril Ramaphosa. Si leur rencontre a permis de conclure six accords de coopération (mines, transport, développement social…), elle a aussi été l’occasion de décerner l’Ordre de l’Afrique du Sud au chef d’État ivoirien, pour sa « contribution à l’amitié entre les deux pays ». Une distinction qui, aussi honorifique soit-elle, consacre l’intérêt sud-africain grandissant à l’égard de la Côte d’Ivoire.
Un déplacement inédit placé sous le signe du commerce
Plus tôt, Cyril Ramaphosa et Alassane Ouattara ont présidé le forum « Accélérer le commerce et l’investissement entre l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire par des partenariats renforcés ». Afin de pérenniser la tendance à la hausse du commerce bilatéral, ce salon visait à identifier de nouvelles opportunités, parmi lesquelles l’automobile, l’agriculture (cacao, café, anacarde), le textile et les TIC.
En 2021, le volume des échanges était en effet de 75 milliards francs CFA, contre 50 milliards en 2020. Des progrès nets certes, mais encore en deçà du « potentiel économique » des deux pays selon Alassane Ouattara. En effet, si l’Afrique du Sud est déjà bien implantée en Côte d’Ivoire, par le biais de nombreux groupes (opérateur de télécommunications MTN, assureur Sanlam, diffuseur MultiChoice, banque Investec…), la nation éburnéenne ne cristallise que 1% de ses exportations.
De son côté, Yamoussoukro voit d’un bon œil ce rapprochement, tant le marché sud-africain, fort d’un PIB de 300 millions de dollars et de 60 millions de consommateurs, est particulièrement attractif. Pour présenter les atouts de son pays, Alassane Ouattara s’est ainsi rendu à ce forum des affaires accompagné d’une délégation de 70 chefs d’entreprise, venus promouvoir leurs produits et leurs services.
La stabilité politique en Côte d’Ivoire : socle d’une relation repensée
Si tout semble rose entre la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud, cela n’a pas toujours été le cas, loin de là. Depuis l’instauration des relations diplomatiques en 1992, il aura fallu attendre décembre 2021, soit une trentaine d’années, pour qu’un président sud-africain – Cyril Ramaphosa – décide de conduire une visite d’État en Côte d’Ivoire, dans le but de faire progresser la relation bilatérale.
Pourquoi un tel changement de cap ? Car « les mandats d’Alassane Ouattara ont vraiment apporté de la stabilité » et ce « nouveau contexte permet désormais de construire une relation plus forte » selon la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor, qui fait ici référence aux crises traversées par la Côte d’Ivoire en 2002-2007, puis en 2010-2011.
La « Nation arc-en-ciel » a pourtant tenté de contribuer à la stabilité politique ivoirienne. En 2010, au lendemain de l’élection opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, des affrontements violents ont éclaté entre les deux camps qui revendiquaient chacun la victoire. L’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, puis son successeur Jacob Zuma, avaient alors été chargés par l’Union africaine (UA) de trouver une solution au conflit, sans réel succès cependant.
Mais les luttes intestines ivoiriennes appartiennent désormais au passé. Alassane Ouattara, qui a finalement été élu et réélu président, a tendu la main le 14 juillet à son ancien rival Laurent Gbagbo – ainsi qu’à Henri Konan Bédié – à l’occasion d’une rencontre historique. Objectif : « décrisper le climat sociopolitique national ». Une initiative que Cyril Ramaphosa n’a par ailleurs pas manqué de saluer.
L’hommage d’Alassane Ouattara à Nelson Mandela
Pour la dernière étape de son séjour, Alassane Ouattara a choisi de s’envoler le 23 juillet direction Le Cap, où il s’est ensuite rendu à la prison de Robben Island. Le chef d’État ivoirien y a rendu hommage à Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid, qui y a été enfermé pendant 18 ans. Il a salué, outre son combat historique pour la liberté et la dignité, l’héritage de son message de paix et de réconciliation nationale. De quoi inspirer les générations africaines d’aujourd’hui et de demain.