Dans le pays, la Première Dame, Dominique Nouvian Ouattara, milite depuis plusieurs années contre le fléau du travail des mineurs, dans la filière du cacao notamment, dont la Côte d’Ivoire est l’un des principaux producteurs mondiaux.

« Vous pouvez compter sur moi ». Jeudi 1er octobre, en ouverture des Journées nationales du cacao et du chocolat, qui se tenaient à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, le président de la République Alassane Ouattara a fait un geste en faveur des planteurs ivoiriens. Pour la récolte 2020-2021, « nous avons décidé d’augmenter le prix [du cacao au kilo] de 825 à 1 000 francs CFA », a annoncé le chef de l’État, en pleine campagne présidentielle — le scrutin doit se tenir le 31 octobre prochain. Soit une hausse de 21 % par rapport à la saison précédente.

Cette augmentation correspond au « différentiel de revenu décent », ou DRD, une prime de 400 dollars par tonne (224 francs CFA par kilo) imposée aux multinationales du cacao et du chocolat à partir de cette saison afin d’améliorer les revenus des planteurs. En 2019, la Côte d’Ivoire, qui produit 40 % du cacao mondial, et le Ghana, 20 %, s’étaient entendus pour faire grimper le prix du cacao sur les marchés mondiaux, et mettre en place le DRD. « Notre stratégie commune permet aujourd’hui de mieux défendre les intérêts de nos producteurs au niveau international », a assuré Alassane Ouattara.

Confinement

Autre bénéfice de cette hausse des prix : c’est un bon moyen de lutter contre le travail des enfants, très présents dans les champs de cacaoyers, comme le montrent depuis au moins deux décennies de nombreuses études. En 2015, au Ghana, par exemple, 39 % des enfants ayant travaillé dans le secteur du cacao (soit plus de 376 000) « ont été impliqués dans une forme de travail dangereuse », pointaient du doigt les auteurs d’un rapport publié l’an dernier. La raison est simple : plus les familles travaillant dans la production du cacao sont démunies, plus elles ont besoin de faire appel à leurs enfants. D’où l’importance, selon ce rapport, de revoir à la hausse le prix de l’« or brun ».

C’est dire si l’augmentation du prix du cacao, qui représente en Côte d’Ivoire une charge de 355 milliards de francs CFA (541 millions d’euros) dans le budget de l’État, a été bien accueillie du côté des militants anti-travail des enfants. D’autant qu’à cause des mesures de confinement dues à la pandémie de coronavirus, mises en place au printemps dernier, de nombreux jeunes se sont retrouvés forcés de travailler dans les champs de cacao, afin d’augmenter le revenu de leur famille. 

À l’époque, la Première Dame du pays, Dominique Nouvian Ouattara, était intervenue pour dénoncer cette pratique, lançant « un appel solennel aux parents » ivoiriens dès le 21 mars : « Le travail des enfants est interdit et puni par la loi [et] nul n’a le droit de faire exécuter à un enfant une activité qui le met en danger ou qui affecte sa santé, sa croissance ainsi que son équilibre physique et mental », avait rappelé l’épouse du chef de l’État, par ailleurs présidente du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), qu’elle a aidé à fonder.

« Avancée significative »

Engagée depuis de nombreuses années dans la défense des enfants contre toute sorte de violences ou d’exploitation, Dominique Nouvian Ouattara, également fondatrice et présidente de Children of Africa, profite de son statut de Première Dame pour tenter de faire avancer cette cause. Et pas seulement en Côte d’Ivoire. En janvier dernier, en marge du premier sommet Royaume-Uni–Afrique qui s’est tenu à Londres, elle s’était ainsi entretenue avec Jennifer Townson, chargée des questions d’immigration et d’esclavage moderne au sein du ministère britannique des Affaires étrangères, pour poser les bases d’un réseau international luttant contre le travail des mineurs.

Quelques jours avant cette rencontre londonienne, informait à l’époque le CNS, 137 enfants ivoiriens avaient été soustraits de justesse au travail forcé à la suite d’une opération de police dans l’est ivoirien. Des résultats encourageants, qui, associés à la hausse du prix du cacao, devraient permettre à la Côte d’Ivoire de figurer en bonne position parmi les pays luttant contre le travail des enfants. Il y a un an, le département américain du Travail estimait dans son rapport annuel qu’Abidjan, tout comme 12 autres capitales, avait réalisé une « avancée significative » en la matière. Et ceci pour la sixième année consécutive.