Les Burundais sont appelés à s’exprimer lors d’un référendum en mai prochain sur l’extension du mandat présidentiel. Les grandes figures de l’opposition burundaise et certains citoyens pensent que la liste électorale en vue de ce référendum est faussée.
L’opposition craint un résultat biaisé
L’amendement constitutionnel qui sera soumis au référendum prolongera le mandat présidentiel de cinq à sept ans, ce qui permettra au président Pierre Nkurunziza de se présenter à nouveau en tant que président en 2020. L’amendement stipule également que le président n’aura droit qu’à deux mandats. Néanmoins le mandat actuel de Nkurunziza n’est pas concerné par cet amendement. Ainsi, s’il est élu en 2020, son mandat pourra être prolongé jusqu’en 2034. Néanmoins, en plus des interrogations sur le fond, c’est la forme de cette révision constitutionnelle qui fait débat. En effet, le vice-président du parti d’opposition FRODEBU, Léonce Ngendakuma, a déclaré à Reuters que des citoyens avaient été intimidés pour s’inscrire sur la liste électorale. « Des check-points ont été mis en place, vraisemblablement par des jeunes du parti au pouvoir, pour vérifier les reçus d’inscription. Les étudiants qui ne sont pas encore dans la liste sont forcés à le faire », a-t-il déclaré. Pour lui : « Ce référendum est organisé dans l’opacité totale et l’intimidation extrême. Un référendum organisé dans de telles conditions entraînera un résultat biaisé ».

Une campagne d’enregistrements qui ne se cache plus
Un Burundais qui a requis l’anonymat a confirmé à Reuters qu’il avait été arrêté sur un barrage routier près de la frontière rwandaise et qu’on lui a demandé de confirmer s’il était inscrit ou non sur les listes électorales. D’autres personnes ont également signalé des barrages routiers dans la province centrale de Karusi. Selon Reuters, cinq personnes au total ont déclaré qu’il y avait des barrages dans trois endroits différents. Cette campagne d’enregistrements a également ciblé les jeunes de 16 ans, puisqu’ils pourront voter aux élections de 2020. On sait, par ailleurs, que le gouvernement prépare activement les prochaines élections présidentielles. Et ce sont les fonctionnaires qui devront en payer le prix fort. Thérence Ntahiraja, l’assistant du ministre de l’Intérieur, a déclaré que l’enregistrement obligatoire est illégal. « Le vote est un acte volontaire. Je pense que les auteurs de ces incidents sont des gens un peu trop zélés », a-t-il ajouté.